Autonomisation : l’achèvement de l’université publique
Le 30 juillet, le Gouvernement a rendu public l’avis du Conseil d’État sur un projet de loi relatif à la modernisation et à la régulation de l’enseignement supérieur.
Sous couvert de « modernisation » et de « simplification », ce projet marque une nouvelle étape dans l’autonomisation des universités, la fin du cadrage national des diplômes et la privatisation de l’enseignement supérieur et de la recherche, au détriment du service public.
D’une part, il permet aux universités une forte autonomie dans la conception de leurs cursus, avec moins de contrôle de l’État. Ainsi, une licence de mathématiques pourrait devenir très différente entre Lille et Marseille, selon la stratégie locale de l’université. Cela reviendrait à casser ce qui restait du cadrage national des diplômes, c’est-à-dire la garantie d’une protection sociale, à rebours des logiques de tri social et de libéralisation du monde du travail.
D’autre part, il facilite le développement d’un enseignement supérieur privé lucratif promettant de garantir une soi-disant qualité absolue des formations privées, tout en leur permettant à terme de délivrer des diplômes reconnus par l’État.
Alors qu’un étudiant sur quatre est aujourd’hui inscrit dans le privé, l’État choisit d’achever l’université publique au profit des logiques de marché.
Depuis des années, les universités publiques subissent des coupes budgétaires, la précarisation des personnels et un sous-investissement chronique. Dans un but de distinction et dans un contexte de concurrence, certaines universités franchissent des paliers dans leur autonomie et leur articulation avec les intérêts privés et obtiennent le statut fortement dérogatoire d’Établissement Public Expérimental (EPE), et dépendent financièrement de partenariats avec des entreprises privées. Elles sont alors gouvernées par des instances opaques, éloignées des besoins réels du pays.
Face à cette offensive, l’Union des Étudiant·es Communistes réaffirme son engagement pour un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, fort, indépendant des logiques capitalistes et au service des besoins humains. Nous refusons que l’accès à la connaissance devienne un privilège réservé à une élite, et l’enseignement supérieur une machine à trier la jeunesse.
Ce projet de loi doit être débattu à l’Assemblée nationale à la fin du mois de septembre. L’UEC suivra ces débats avec attention, avec la volonté ferme que cette loi ne passe pas. Nous serons dès la rentrée sur les lieux d’enseignement supérieur pour défendre un service public de l’enseignement supérieur fort et accessible à tous.